La littérature scientifique rapporte une forte corrélation entre la pensée divergente et la psychopathologie en général. Les grands créatifs sont cependant moins atteints de psychopathologie que la moyenne des autres personnes. On observe également une anticorrélation dans le sens où plus une personne est atteinte de troubles, moins elle est créative. La pensée commune selon laquelle il existerait un lien entre l’art et la folie provient d’une confusion entre originalité et créativité : les personnes atteintes de troubles sont plus originales, mais cela n’indique pas qu’elles sont plus créatives.
Une créativité hors norme est associée à un risque de psychopathologie plus élevé. Comme nous venons de le voir, il existe un rapport entre l’originalité artistique et la psychopathologie. Il existe un continuum dans les niveaux de créativité corrélé à la psychopathologie, allant de la créativité banale à la créativité reconnue, puis une créativité hors norme, décalée et s’inscrivant mal dans le cadre, pour aboutir chez les personnes atteintes de troubles sévères à une créativité non assimilable culturellement.
De plus, l’humeur est un facteur qui influence la créativité. Les états anxiodépressifs sont associés à des facultés de convergence supérieurs aux facultés de divergence. L’inspiration est parasitée par les ruminations mentales. A l’inverse, dans le trouble bipolaire en phase up, la divergence prend le pas sur la convergence. La production est quantitativement augmentée par l’impulsivité.
On retrouve également une influence des troubles neurodéveloppementaux sur la créativité : dans le TSA, on observe une prédominance de la convergence, une forte originalité liée aux perceptions sensorielles atypiques, ainsi qu’une capacité créative limitée aux domaines d’intérêt. Dans le TDAH, on observe des capacités de divergence supérieures aux capacités de convergence. Comme dans le trouble bipolaire en phase up, le niveau de productivité est augmenté par l’impulsivité.